ANDROMAQUE
Grand Théâtre du Luxembourg
Après dix épuisantes années de guerre, Troie a été vaincue dans un terrifiant massacre. Alors qu’il est promis à Hermione, fille d’Hélène, Pyrrhus, fils d’Achille et roi d’Épire, aime Andromaque, la veuve du chef troyen Hector, qu’il a ramenée captive avec son jeune fils Astyanax. Oreste, fils d’Agamemnon et ambassadeur des Grecs, est venu demander la mise à mort d’Astyanax par crainte qu’il ne veuille venger Troie. Mais Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime Hector, mort… Pyrrhus, qui ne parvient pas à se faire aimer d’Andromaque, la force à l’épouser en échange de la vie de son fils. Elle accepte, déclenchant la colère insensée d’Hermione qui charge Oreste de tuer Pyrrhus. La folie se propage à tous les esprits, l’amour sème la mort.
Andromaque est plus qu’une tragique histoire d’amour, c’est également une pièce émancipatoire où palpite le danger propre à l’affirmation de soi, à l’insurrection et qui raconte cet acte de rébellion, de révolte intérieure qui est au cœur du théâtre.
Le metteur en scène Yves Beaunesne dirige ici une équipe artistique internationale, y compris deux actrices de la place, Sophie Mousel et Eugénie Anselin. Un grand spectacle classique, rehaussé par un travail musical qui rassemblera un quatuor instrumental animé par les quatre comédiennes et un Pyrrhus, saxophoniste.
TARTUFFE
C’est en vers que Molière écrivit cette comédie qui plante les démêlés de Tartuffe – va-nu-pieds irradiant de ferveur ascétique – tombé follement amoureux de la femme d’Orgon, son hôte, lui-même dévoré par le culte démesuré qu’il voue à son invité. Yves Beaunesne sort le personnage principal de son carcan d’imposteur et de fanatique pour dépeindre un séducteur fascinant en quête d’absolu. La pièce est abordée, non par le biais de l’hypocrisie conçue comme un moyen, mais à partir du pouvoir d’envoûtement qu’exercent certains êtres auxquels on ne peut résister, malgré le pressentiment qu’ils feront pleuvoir sur nous une tempête d’égarements. Sous l’âcre récit de Molière, une longue faim de vivre est perceptible autant dans la famille d’Orgon que chez Tartuffe, qui tisse avec chacun un rapport entre soif de clarté et attraction pour le vide. Mais Molière – dont on célèbre en 2022 le 400e anniversaire – est un poète, et comme tel, incapable d’accepter l’existence comme elle se présente. Autre chose alors paraît, comme une crevasse qui se remplit de lumière à mesure qu’elle s’ouvre, la force comique n’y étant pas étrangère. Une distribution belgo-française triée sur le volet nous offre un grand classique divertissant et plein de vie !
La MAISON de bernarda alba
mise en scène Yves Beaunesne
musique Camille Rocailleux
La Maison de Bernarda Alba est la dernière œuvre de Federico García Lorca. Il l’a écrite en 1936, dans la prison où l’avaient jeté les Phalangistes, deux mois avant son exécution. Jouée pour la première fois en 1945 au Teatro Avenida de Buenos Aires, elle ne fut présentée en Espagne qu’en janvier 1964. Si cette œuvre dramatique a été longtemps censurée par le pouvoir franquiste, c’est que García Lorca y critique le poids des traditions en même temps
qu’il annonce le long repli d’une Espagne bâillonnée, prisonnière de ses croyances et de ses superstitions. Et si sa Maison de Bernarda Alba n’est pas directement une pièce politique, elle dénonce la politique d’une société étouffante et fanatique qui ne tolère aucun manquement aux règles – règles reposant sur une interprétation rigoriste des préceptes de la religion catholique et nourrie de l’obscurantisme le plus épais.
LE PRINCE TRAVESTI
Marivaux
mise en scène Yves Beaunesne
distribution Marine Sylf, Elsa Guedj, Nicolas Avinée, Jean-Claude Drouot, Thomas Condemine, Johanna Bonnet, Pierre Ostoya-Magnin, Valentin Lambert
dramaturgie Marion Bernède assistantes à la mise en scène Marie
Clavaguera-Pratx, Aurélie Ruby stagiaire assistant Théo Guilhem Guéry scénographie Damien Caille-Perret lumières Joël Hourbeigt composition musicale Camille Rocailleux costumes Jean-Daniel Vuillermoz maquillages Kuno Schlegelmilch
production Comédie Poitou-Charentes
coproduction Théâtre 71 – Scène nationale de Malakoff, Théâtre d’Angoulême – Scène nationale, Théâtre Montansier avec le soutien du fonds d’insertion de L’éstba financé par la Région Nouvelle-Aquitaine, du fonds d’insertion pour Jeunes Artistes Dramatiques avec le soutien de la DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur et de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur avec la participation artistique du Jeune Théâtre
National
RUY BLAS
de Victor Hugo
mise en scène Yves Beaunesne
avec Thierry Bosc, François Deblock, Zacharie Feron, Noémie Gantier, Fabienne Lucchetti, Jean-Christophe Quenon, Maximin Marchand, Guy Pion, Marine Sylf musiciennes Anne-Lise Binard, Elsa Guiet collaboratrice artistique Marion
Bernède scénographie Damien Caille-Perret lumières Nathalie Perrier création musicale Camille Rocailleux création costumes Jean-Daniel Vuillermoz dramaturgie Jean-Christophe Blondel assistanat à la mise en scène Pauline Buffet, Laure Roldàn maquillages et coiffures Cécile Kretschmar
production La Comédie Poitou-Charentes – CDN
coproduction Les Fêtes Nocturnes –Château de Grignan, Le Théâtre de Liège, les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Le Théâtre Montansier, Le Théâtre d’Angoulême – Scène Nationale avec la participation artistique de L’ENSATT
ELLA
texte Herbert Achternbusch
mise en scène Yves Beaunesne
texte français et dramaturgie Marion Bernède
avec Clotilde Mollet, Camille Rocailleux
scénographie Damien Caille-Perret
lumières Nathalie Perrier
coiffures et maquillages Kuno Schelgelmilch
création musicale Camille Rocailleux
création costumes Jean-Daniel Vuillermoz
assistanat à la mise en scène Marie Clavaguera-Pratx
stagiaire assistant Théophile Guilhem Guéry
production La Comédie Poitou-Charentes – CDN coproduction La Coursive – Scène Nationale de La Rochelle avec le soutien de la Drac Poitou-Charentes, de la Région Nouvelle-Aquitaine et de la Ville de Poitiers en partenariat avec Le Théâtre d’Angoulême – Scène Nationale spectacle
La pièce est le récit par Ella de sa vie : rejetée par son père qui la donne en mariage, à vingt- et-un ans, à un marchand de bestiaux qui en a quarante-neuf et qui vit déjà avec une autre femme dont il a cinq enfants, elle donne naissance à son fils Josef. Brutalisée par son mari, persécutée par sa belle-famille, croulant sous le travail, elle commence une descente aux enfers qui la mènera de l’hôpital psychiatrique à la prison en passant par toutes les cases de la déchéance sociale et morale, pour finir chez sa sœur qui l’héberge dans le poulailler avec son fils, sa cafetière et son téléviseur.
Yves Beaunesne
LE CID
Le Cid, c’est d’abord une lutte de générations et l’histoire de deux jeunes gens face aux héritages, aux lois sociales, aux codes familiaux, face à leur histoire. Comment ne pas évacuer les contraintes de l’âge baroque et la convention inhérente ? Car si l’on meurt en coulisses, c’est pour qu’aient lieu les récits de ces combats. Et si l’alexandrin est un corset, une armure plutôt, c’est pour mieux garantir la posture héroïque qui fait foin de la psychologie mais définit durablement un code de l’honneur qui pourrait s’appeler aujourd’hui la loyauté ou le courage. S’il faut éviter d’être coincé entre le respect béat et la subversion bébête, il faut décoller de la tradition, la revivifier, pour, ensuite, retrouver la narration. L’exaltation de la fête dans ce qu’elle a d’essentiel, la bravoure à l’état brut, le courage naturel, cela aussi, c’est le chant profond des Espagnes que crie l’alexandrin. Les alexandrins cornéliens sont un sport circassien où l’émotion ne trouve son compte qu’à force d’abandon. Corneille est un guérillero de l’imagination, toujours ingénieux, souvent génial, parfois gênant. Le théâtre, c’est une larme et un sourire. Avec Le Cid, c’est un torrent de larmes et un rire tonitruant.
Texte : Pierre Corneille
Mise en scène : Yves Beaunesne
Création musicale : Camille Rocailleux
LETTRES À ÉLISE
De Jean-François Viot
Mise en scène Yves Beaunesne
Création musicale : Camille Rocailleux
Lettres à Elise s’intéresse à celles et ceux qui vivent la Grande Guerre dans leur chair et dans leur sang, c’est le lieu de rencontre de deux mondes qui s’éloignent à mesure que le conflit se prolonge : l’avant, le front guerrier, et l’arrière, le front ménager.
La pièce ne se veut pas une vitrine de 14-18, c’est juste une lueur venue de ce qui s’est passé hier – et l’amour à mort partout. C’est ouvert sur des tas d’images, ça broie dans le dedans, pan ! avec un air de ne pas savoir où ça vous emmène et qui tient bon la mesure. On y est comme des petites madeleines, à éponger, éponger, et se laisser perler. Le but, c’est de dissoudre la forme épistolaire dans le chaudron d’un théâtre de tréteaux avec ses trucs et ficelles : ouvrir la montre, la démonter, la remonter, la voir tourner à l’envers. Elle n’en sera que plus insolite, comme toute chose ordinaire.
INTRIGUE ET AMOUR
L’amour qui unit Louise Miller, la fille d’un humble musicien, à Ferdinand, le fils du puissant Président Walter, rencontre l’hostilité des deux pères au nom de la mésalliance et de l’écart de leurs milieux. Le jeune aristocrate Ferdinand défend son amour en se justifiant du droit du coeur et combat le projet, nourri par son père, de lui faire épouser la favorite du prince.
Le Président décide d’avoir recours à la tromperie. Wurm, son secrétaire, un flatteur qui a déjà fait jeter en prison le père de Louise, dicte à celle-ci un billet tendre destiné à un courtisan, le maréchal von Kalb, l’assurant qu’elle pourrait ainsi obtenir la libération de son père. La lettre tombe dans les mains de Ferdinand…
Grâce à son discours passionné et à sa structure raffinée, Intrigue et amour continue d’émouvoir le public contemporain.
De Friedrich Schiller
Texte français : Marion Bernède et Yves Beaunesne
Mise en scène : Yves Beaunesne
Création musicale : Camille Rocailleux
L'ANNONCE FAITE A MARIE
De Paul Claudel
Mise en scène : Yves Beaunesne
Création musicale : Camille Rocailleux
L’Annonce faite à Marie est le « drame de la possession d’une âme par le surnaturel ». Claudel n’est jamais franchement dans l’orthodoxie religieuse, son catholicisme est beaucoup plus imbibé de rhum qu’on ne le pense, il y a chez lui quelque chose d’hérétique dans le dialogue de la chair et de la tentation. Et au-delà de la tragédie familiale, il y a, comme dans la tradition hébraïque, le sens caché : Claudel a cherché l’irruption du divin dans l’humain et il l’a trouvée dans l’ébriété divine de Violaine, touchée par la passion du Christ.
PIONNIERS À INGOLSTADT
De Marieluise Fleisser
Texte français et adaptation : Marion Bernède et Yves Beaunesne
Mise en scène : Yves Beaunesne
Elle pourrait être Camille Claudel et lui Rodin, tant le destin de Marieluise Fleisser est lié à sa relation avec Brecht. Muse, amante ou nègre du dramaturge, son œuvre est indissociable de sa vie. L’une comme l’autre trahissent une femme obligée de lutter pour faire reconnaître son droit d’écrivain, ballotée entre étroitesse et grandeur, servitude et liberté. Pionniers à Ingolstadt est un concentré de portraits, le sien, celui d’une Allemagne d’après-guerre encore convalescente, celui d’un village perturbé par l’arrivée de soldats, celui de jeunes femmes pétries d’ennui qui s’épient et trouvent dans la virilité de ces hommes un divertissement. Tous cherchent un semblant d’amour, le cœur ne sachant jamais bien où, quand, et pour qui, il doit battre. Dans un décor de brasserie et une ambiance cabaret, Yves Beaunesne s’attache à peindre ces personnages qui se touchent, se trahissent, pour finalement s’ignorer. Dans ce QG à la fois intime et collectif, il pose la question de l’individu pris dans sa condition et fait entendre le parler vrai d’une dramaturge célébrée Outre-Rhin, reconnue par un Kroetz ou un Fassbinder : Marieluise Fleisser.